N°08 - L'ACTIVITE GAZIERE ET LA CONCURRENCE : en période de guerre

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Le sujet n'apparaît vraiment dans l'écrit – journaux, documents administratifs...- qu'avec la guerre de 1914-1918. Auparavant, les guerres de la Prusse successivement avec le Danemark, l'Autriche, la France en 1970-1971 ne donnent pas lieu à des commentaires particuliers concernant l'industrie gazière, même si, à l'égal d'autres domaines, elle subit çà et là quelques dommages. Seule illustration gazière de cette époque : le départ avec succès de Paris, assiégé par les Prussiens, en ballon gonflé au gaz d'éclairage, de Léon Gambetta le 7 octobre 1870 à destination de Tours pour réorganiser la défense nationale.

Avec la 1ère guerre mondiale (1914-1918), la problématique change pour l'industrie gazière française. On peut résumer ainsi le changement : réduire autant que faire ce peut la consommation de gaz pour avoir quelque chance d'y faire face. En effet, dès 1915, en raison de l'occupation du nord de la France et aussi de la Belgique par l'armée allemande, l'approvisionnement en charbons des usines à gaz devient de plus en plus difficile et les prix flambent. Beaucoup de concessionnaires se retrouvent proches de la faillite, en raison des dispositions figurant dans les traités de concession et, notamment les tarifs de vente maximaux. S'agissant de problèmes locaux, les pouvoirs centraux -Exécutif et Législatif-  n'interviennent pas, alors même que des services essentiels aux populations concernées - éclairage, cuisson,...- peuvent disparaître subitement. Les Municipalités prennent alors la mesure de ce que sont les services rendus à la population, au-delà de la simple vente d'un produit. La notion de « service public », quel que soit son détenteur, s'impose alors au pouvoir administratif. Le Conseil d'Etat, dans son arrêt dit de Bordeaux du 30/03/1916, juge légitime l'adaptation aux réalités vécues des clauses des cahiers des charges, évitant ainsi par le biais des tribunaux administratifs l'effondrement de nombreuses concessions.

  Les réflexions nées de ces difficultés de la guerre ont abouti en avril 1921 à un « cahier des charges type » des distributions de gaz, consacrant notamment, la suppression du « pouvoir éclairant », notion vraiment obsolète et l'usage du « gaz à l'eau » (obtenu par l'extinction à l'eau du coke incandescent), dont l'interdiction, levée le 31/10/1919, était une anomalie française, pointée dans les congrès internationaux. Il a également porté confirmation, importante pour les choix à venir, de la possibilité d'utiliser des matières premières autres que le charbon, souvent imposé dans les traités de concession : gaz résiduaires de raffinerie reformés, gaz pauvres carburés, produits pétroliers divers, dont certains en l'état ( butane, propane).

  Avec la deuxième guerre mondiale (1939-1945) et les réquisitions du charbon par l'occupant, les problèmes de production rencontrés 25 ans plus tôt resurgissent. Les Pouvoirs Publics abaissent de 4500 à 4200 calories par m3 le pouvoir calorifique minimal. Les Sociétés baissent la pression dans les conduites de distribution jusqu'aux limites compatibles avec la sécurité. Les gaziers s'obstinent néanmoins à maintenir en gaz leurs réseaux et y parviennent le plus souvent, sauf quand les bombardements aériens massifs ont mis leurs usines en miettes. A la libération, plus de la moitié des usines ont été, soit entièrement détruites, soit gravement endommagées. La nationalisation des entreprises gazières en avril 1946, qui donnera naissance à Gaz de France, permettra plus facilement une rationalisation et une certaine diversification de l'outil de production et de distribution.

 

 

 

 

 

 

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